Milan,

Samedi, t’auras cinq ans et moi j’aurai cinq ans de maman. Je crois que je suis devenue vraiment maman exactement 8 minutes avant ta naissance, parce que 8 minutes c’est le temps qu’on m’a donné pour réussir à te faire sortir car ton petit cœur fatiguait. Sous le son du monitoring dont la fréquence des battements ralentissait, j’ai compris que le rôle le plus important de ma vie venait de commencer et que plus jamais rien n’aurait autant de sens.

Milan, mon bébé facile qui ne pleurait jamais, qui dormait et mangeait bien. Faut dire que tu t’es bien rattrapé avec le terrible two (et le terrible tree et terrible four). Tu m’as fait revoir mes principes à la baisse et appris à choisir mes combats. Je t’ai même laissé manger des frites au petit déjeuner et ça, ça pourrait me coûter la réputation de ce blog. Tu m’as aussi appris à ne jamais prendre l’initiative de peler ta banane avant de te concerter et de ne jamais, vraiment jamais, appuyer sur le bouton de l’ascenseur à ta place. Tu viens dans mon lit le matin avec la moitié de ta chambre, tu me demandes pardon d’avoir peintinuer sur les murs avec un stylo, tu me fais faire du foot par tous les temps avec la règle très très stricte de ne jamais marquer un goal dans ton but car apparemment, c’est triché. Tu m’emmènes dans ton imagination débordante et tu me ramènes au moment présent quand il devient plus important d’attraper une coccinelle que d’être à l’heure chez la pédiatre. Tu me fais remarquer que les nuages ont parfois des formes de choses qu’on connaît et qu’il y a plein de petits bonheurs autour de nous mais qu’on oublie souvent de les apprécier. 

Parfois c’est dur tu sais. Dur de te laisser le matin pour aller travailler, surtout quand tu pleures. Dur de te voir malade, de te voir triste ou inquiet quand tu te confrontes aux imperfections du monde. Tu m’as demandé si tous les méchants finissaient en prison et c’était dur de te dire que non, que parfois ils finissent même président. Dur de savoir quoi te répondre quand tu me demandes qui va te brosser les dents si un jour je ne suis plus là ou pourquoi les feuilles mortes n’allaient pas au Ciel alors qu’elles étaient mortes. Depuis 5 ans, j’ai envie de t’emballer dans du papier bulle pour qu’il ne t’arrive jamais rien.  Je dois me faire violence pour te mettre sur des skis, quand je te vois descendre comme un fou avec ton vélo et quand tu mets la tête sous l’eau. 

Milan, t’as la vie devant toi et te voir grandir est un cadeau que je savoure mais parfois, ça me déchire le cœur. Surtout quand tu me réponds par wesh ou que tu me dis que je suis trop intense parce que je te fais plein de bisous. T’as la vie devant toi et tu vas devoir t’armer pour l’apprécier à sa juste valeur, même quand elle te mettra face à des épreuves et des déceptions. 

Aujourd’hui, j’aimerais te dire que ta meilleure arme sera toujours l’amour et que tu ne pourras jamais te tromper en suivant ton cœur. Bats-toi pour les choses qui en valent la peine et libère-toi des autres, certains combats nous rendent plus fort dans la défaite. Ton cœur saura faire la différence et il te ramènera toujours à la bonne place, aux bonnes personnes. Aie le courage de tes opinions et de ne pas plaire à tout le monde, rappelle-toi que les choses ont l’importance qu’on leur donne et qu’on a besoin de la nuit pour apprécier la lumière. Apprend à pardonner, même quand cela a un goût d’injustice, tu te feras un cadeau à toi-même. Sois certain qu’aucun rêve n’est trop grand et que tes faiblesses peuvent devenir tes forces. Prends toujours le temps d’apprécier les chemins que tu parcoures et assure-toi de ne jamais sacrifier les personnes avec qui tu souhaiteras célébrer tes réussites. Le temps sera toujours le plus beau cadeau que tu pourras faire aux autres et au bout de la route, quand tu regarderas en arrière, avoir pris le temps d’attraper une coccinelle avec tes enfants sera un souvenir bien plus précieux que d’être arrivé à l’heure partout. Et puis surtout, ne t’inquiète pour ton brossage de dents, tu as une ribambelle de gens qui t’aiment et seront toujours là pour toi, je m’en assure chaque jour en cultivant l’amour de toi.

Joyeux Anniversaire big boy !