Le 23 novembre 2019, je suis devenue Maman. C’est drôle parce que j’en connais plein des mamans, déjà la mienne, celle de la mienne, celle de Nadège de l’école primaire qui avait appelé la mienne parce que je lui avais tiré les cheveux, et tant d’autres. Mais même si des mamans il y en a plein partout, je n’ai jamais été parfaitement convaincue que j’en serais bonne ni que ce rôle conviendrait complètement à mon épanouissement futur. Je vous entends déjà les féministes de l’extrêmes, qui aiment tellement les femmes qu’elles détestent toutes celles qui le sont un peu trop : – Mais alors pourquoi t’as fait un gosse ? 

Je dois dire que c’est une bonne question ! Je ne fais clairement pas partie de ces femmes pour qui la grossesse était accomplissement, un rêve ou un besoin. Handicape serait un mot plus juste !  Bien avant d’être enceinte, j’angoissais pour les femmes qui l’étaient. L’idée qu’un petit être allait prendre possession de mon corps et mettre le désordre dans toutes mes habitudes de vie bien confortables ne me séduisait pas du tout. 

Pourtant, j’avais un vide dans le cœur destiné à un amour de maman, je le savais comme une évidence. Je ne m’étais toutefois pas trompée, être enceinte a été ma plus belle galère : 4 mois de nausées, 2 mois de répit et 3 mois de canapé forcé sans pouvoir même vernir les doigts de pieds. Pis si jamais, en fait la grossesse c’est plutôt 10 mois que 9 mais ça on ne vous le dit pas. Et encore, au bout des 40 semaines (donc 10 mois, j’insiste), on vous dit que sûrement, le bébé arrivera à 42. Super.  À bien y réfléchir, je crois que cette arnaque des mois a été pensée pour vous rendre tellement impatiente et à bout de nerfs que l’accouchement sonne comme une délivrance ! On en oublierait presque ce qui nous attend. 

Mais j’ai survécu à ma grossesse et même au post-partum (la deuxième plus grande arnaque de l’univers, celle qui vous fait regretter la grossesse et les nausées matinales). J’ai survécu et pire que ça, les mois qui ont suivis ont été les plus parfaits de ma vie. Les mois suivants m’ont fait sortir de mon quotidien et de ma routine bien confortable pour me faire découvrir le vrai sens de la vie. On m’avait prévenu, la rencontre avec mon bébé allait changer ma vie. C’était si vrai. Je me souviens parfaitement (autant parfaitement bien qu’on puisse avec une péridurale bien dosée et 2 litres de sang en moins) de mon premier échange de regard avec ce petit truc tout nu tout chou et son crâne bien déformé aux forceps. J’étais é-m-e-r-v-e-i-l-l-é-e.  Si je devais tout recommencer, je le ferais. Et c’est là que je réalise ce que c’est d’être maman : c’est tout donné sans que ça nous coûte !

Depuis plus d’une année, je m’efforce à répondre au mieux aux besoins de mon fils, je deviens de plus en plus confortable dans la culpabilité de ne pas toujours le faire parfaitement. Non ça c’est faux. Je ne suis pas confortable mais j’essaie de ne pas être trop dure avec moi. Je m’émerveille de chaque petit progrès, que je trouvais si dérisoires chez les enfants des autres. J’essaie et je dis bien, j’essaie, d’agir en exemple, de lui offrir une vision belle du monde sans lui cacher ses défauts, je lui parle des gens qui l’aiment, de ceux qu’il aime et qui méritent une place dans sa vie. Je lui raconte des histoires, j’y mets du cœur, même quand il veut juste presser sur le dinosaure qui grogne (oui les livres pour enfants sont plein de ressources, heureusement, pas les piles). Je peux commencer de peler des légumes à onze heure du soir pour faire une purée, je dormirai plus tard. C’est pas grave car il n’y a rien de mieux que de faire une sieste l’aprèm et ça c’est Milan qui me l’a rappelé. Je me rends compte que les choses les plus simples sont les meilleures et que cette phrase bien trop connue a du sens et beaucoup de sagesse. Je ris de le voir rire, je lui prête ma brosse à dents parce qu’elle est mieux que la sienne, visiblement. Je suis fière de lui juste parce qu’il est et je suis fière de moi parce que je l’ai fait. J’aime être maman, ça me surprend. J’aime plus être maman que j’aime pouvoir faire ce que je veux quand je veux, sauf de temps en temps, ça me ferait du bien. 

J’ai encore plus de respect que j’en avais déjà pour la mienne, de maman. Ce n’est pas un travail facile. Pareil pour mon papa, pas facile d’être toujours le deuxième préféré. Je ne comprends pas pourquoi le plot vert est mieux que le plot rouge et pourquoi c’est toujours les mêmes trucs qui finissent dans sa bouche et les autres dans les pots de fleurs. Quand c’est pas la terre du pot de fleurs qui finit dans sa bouche. Je comprends pas non plus pourquoi on achète des jouets, ça sert à rien, il y a des pots de fleurs, des services à salades et des télécommandes. 

Et je ne suis pas bien certaine de savoir pourquoi j’ai écrit tout ça, ni pourquoi je vous le publie. Peut-être parce que c’est la plus belle aventure de ma vie ? 

Tellement belle que j’ai décidé de tout recommencer en partant des nausées et que c’est prévu pour septembre. Enfin j’avais pas vraiment décidé, mais ça, c’est une autre histoire : celle de la vie qui nous réserve des imprévus et des imprévus qui nous réserve de la vie, la vraie