Jeudi dernier, j’étais au parc avec mes enfants (en train de me geler les fesses) et j’ai commencé à papoter avec une autre maman. On s’est d’abord plaint un peu de devoir venir au parc par un froid de canard pour que nos enfants puissent jouer dans un bac à sable et en ramener plein dans la maison. Puis, on a dévié sur plein de petits trucs de la vie et on s’est demandé ce qu’on faisait dans la vie quand on n’était pas au parc.

Lorsque je lui ai dit que j’étais diététicienne, elle avait un tas de questions sur l’alimentation, c’est normal, avec toutes les infos qu’on entend à tort et à travers. Elle m’a alors demandé comment j’arrivais à éviter le sucre et les glucides en général (ben oui, quand t’es diet tu manges jamais de sucre et même que l’été, tu te nourris simplement en t’exposant au soleil, tout le monde sait ça)

En essayant alors d’apporter quelques éléments de réponses à ses interrogations et croyances sur le sucre, j’ai réalisé qu’il y avait beaucoup à dire et que la plupart de ces infos restaient inconnues du grand public (surtout l’histoire du dauphin que vous pourrez lire en dessous). Ça m’a donné l’impulsion pour un nouvel article ! 

Alors si tu me lis, je vais t’expliquer tout ce que tu devrais savoir à propos du sucre.

1. Définition du sucre

Quand on parle de sucre, cela fait référence à différentes choses : le sucre de table appelé saccharose ou le sucre naturellement présent dans les aliments comme le sucre des fruits : fructose , le sucre du lait : lactose ou le sucre des féculents (pâte, riz, etc.): qui est un sucre complexe et qui ne libère pas de saveur sucrée. Tous ces sucres font partie de la famille des glucides ou hydrates de carbone et tous ont la même valeur calorique.

2. Notre amour pour le sucre est inné et naturel

Lorsque nous arrivons au monde, nous avons un attrait naturel et inné pour le sucre. Les premiers sens qui se développent chez le bébé avant même sa naissance sont le goût et l’odorat afin qu’il puisse rapidement apprécier la saveur sucrée et chercher à consommer des glucides : énergie première du corps et indispensable pour le développement du cerveau. 

Notre corps est doté de récepteurs de goût sucré dans notre bouche mais aussi sur nos organes afin de nous apprendre à associer la saveur sucrée à un besoin physiologique. Ces récepteurs sont même présents sur les testicules car la consommation de sucre augmente la fertilité (sauf quand on en consomme trop). #funfact

Les aliments qui n’ont pas de saveur sucrée comme le riz ou les pâtes mais qui contiennent toutefois des glucides sont identifiés comme “sucrés” par nos récepteurs. Cela explique que les plats de pâtes sont généralement appréciés du commun des mortels. 

D’ailleurs pour l’histoire des dauphins, sachez qu’ils ne perçoivent presque pas la saveur sucrée car ils n’ont pas un grand besoin de sucre pour survivre. Ils sont par contre naturellement attirés par d’autres saveurs qui se trouvent dans les nutriments dont ils ont le plus besoin. On ne sait jamais mais cette info vous fera peut-être gagner un jeu télévisé. #funfact2

Donc, non seulement l’être humain n’aurait pas survécu sans consommer de glucides mais on sait aujourd’hui que notre cerveau n’aurait probablement pas pu évoluer si l’on ne lui avait pas apporté du sucre par l’alimentation. Voilà qui devrait en dissuader quelques-uns de faire un régime keto (sans sucre). 

3. Le sucre n’est pas mauvais… du moins au départ!

Maintenant qu’on sait qu’il est normal et nécessaire de consommer du sucre, cela laisse place à d’autres questionnements, comme celui des méfaits du sucre et sa dépendance… 

Il faut savoir que notre cerveau libère de la dopamine lorsque nous consommons du sucre et que cela n’est pas un défaut de fabrication. C’est de cette manière que nous avons appris à apprécier les aliments que nous devions consommer pour survivre. La nature avait tout prévu et c’est l’intervention de l’homme qui a tout fait capoter. 

À la base, le sucre était présent uniquement dans les céréales, les fruits, les légumes et le lait. Si on avait continué à le trouver uniquement dans ces aliments, notre système de santé s’en porterait bien mieux.

Le problème du sucre c’est ce que les industries agroalimentaires en ont fait ! Lorsque les grandes industries ont compris que la consommation de sucre engendrait une libération de dopamine (hormone de plaisir) dans le cerveau, elles ont commencé à en mettre partout et même dans des aliments salés afin de nous en faire consommer de plus en plus et voir leurs profits augmenter. Comme avec tout ce qui libère de la dopamine dans le cerveau, plus on en consomme, plus on doit en consommer pour continuer à fabriquer la même quantité de dopamine et ça, les industriels l’ont bien compris ! C’est ce phénomène qu’on appelle aujourd’hui la dépendance au sucre. 

4. Les méfaits du sucre sont toutefois réels !

Lorsque notre corps reçoit des quantités trop grandes de sucre, il transforme l’excédent en tissu adipeux (graisse) qui s’accumule autour de nos organes et les empêche de fonctionner correctement. C’est ce qu’on appelle le syndrome métabolique (diabète, hypertension et maladies cardiovasculaires). Malheureusement, le sucre est partout et le risque d’en sur-consommer est devenu très important dans les pays développés (et si certains géants de l’agro alimentaire continue à « bien » travailler, ce n’est plus qu’une question de temps avant que cela arrive aussi dans les pays en développement). 

5. Nos émotions influencent notre consommation de sucre!

L’être humain est à la recherche constante de satisfaction et de plaisir. La consommation de sucre est une manière efficace de recevoir un bon shot de dopamine après une dure journée ou une triste nouvelle. Il est d’ailleurs intéressant de savoir que lorsque nous sommes stressés, nos récepteurs du goût sucré sont moins efficaces et nous avons besoin d’une quantité de sucre plus importante pour le même shot de dopamine. Aussi, le sucre diminue notre perception de la douleur, c’est pour cette raison qu’on donnait un carré de sucre aux bébés lors de la circoncision. #funfact3

6. Nous ne sommes pas tous égaux face à l’attrait du sucre

Certaines personnes apprécient la saveur sucrée plus que d’autres. Cela est dû au fait que les récepteurs du goût sucré ne sont pas autant efficaces d’une personne à l’autre et que la libération de dopamine engendrée par la consommation de sucre n’est pas la même chez tout le monde. 

Si les personnes qui sont moins attirées par le sucre auraient eues de moins bonnes chances de survie dans les années du paléolithique, elles en ont de meilleures aujourd’hui car elles sont moins à risque de surconsommation. 

7. On peut s’habituer à manger moins de sucre

Même si notre relation avec le sucre ressemble étroitement à une dépendance affective, il serait faux de croire que nous ne pouvons pas apprendre à gérer notre consommation de sucre sans que cela soit une lutte constante avec notre nature profonde. 

Rappelez-vous que la nature est bien faite et que l’organisme aussi. Notre corps s’ajuste et se re-calibre en fonction de son environnement, si on diminue notre consommation de sucre, le corps apprendra à se satisfaire de moins. L’erreur à ne pas faire est de vouloir en consommer trop peu car notre organisme reprend toujours ses droits et risque de nous amener à en consommer de manière compulsive par la suite.

8. On a besoin de consommer du sucre

Le sucre est la seule énergie que le cerveau peut utiliser et celle dont les muscles et les cellules ont le plus besoin. Lorsque nous arrêtons d’en manger, nos réserves sont sollicitées dans un premier temps (on perd rapidement du poids) puis notre corps fabrique des corps cétoniques comme substituts au sucre, ces corps cétoniques sont toxiques pour notre organisme. C’est pourquoi suivre un régime cétogène (« sans sucre ») est une très mauvaise idée sauf dans certains cas comme l’épilepsie ou certaines maladies métaboliques. 

Ce qui par contre est judicieux, c’est de bien choisir les sources de glucides de son alimentation car toutes n’auront pas exactement le même impact sur notre corps. Il est préférable de choisir des sucres complexes et d’en consommer à tous les repas et des garder les aliments ultra transformés à hauteur d’une portion dans la journée.

9. On peut faire la paix avec le sucre et apprendre à consommer de la bonne manière

Quelque soit notre histoire avec le sucre, il est temps de faire la paix avec lui. Pour commencer, il est nécessaire de réapprendre à écouter son corps afin de répondre correctement à ses besoins et retrouver un bon équilibre sans que cela soit perçu comme un régime ou une contrainte. De plus, il peut être utile de travailler sur la gestion de ses émotions et du stress afin de trouver d’autres manières que la nourriture pour se sentir mieux. Rappelez-vous que notre corps s’adapte et se réajuste constamment, avec du temps et les bons outils, tout est réalisable !

Ce qu’il faut retenir de cet article, à part l’histoire des dauphins, c’est surtout qu’il est important de garder un esprit critique face aux informations qui circulent. Oui, le sucre à haute dose est néfaste pour la santé, tout comme le sel, les matières grasses et les protéines. Les glucides sont les nutriments dont le corps a le plus besoin et il est important d’en consommer régulièrement afin d’optimiser le bon fonctionnement des cellules, du métabolisme, de l’équilibre hormonal et du sommeil. Comme notre envie de consommer du sucre est influencée par nos émotions, le stress et le cycle hormonal, cela peut valoir la peine de chercher des conseils adaptés pour trouver un bon équilibre sans que cela ne passe pas par l’éviction et la restriction des aliments sucrés.